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  • Napoléon LaFossette

[TUTO] Manager: pourquoi et comment?



C'est sans aucun doute le sujet de tuto que l'on m'a le plus réclamé, depuis la création de Virgules. Sujet que j'ai plusieurs fois teasé, notamment sur Twitter. Mais qui a mis du temps à venir, parce que parler du métier de manager, ça ne peut pas juste être "que fait un manager?" Cette fonction, exercée par tant de professionnels en place ou en devenir de la musique, soulève un certain nombre de questions. Les missions oui, mais aussi la rémunération, l'intérêt, la considération, l'évolution de ce métier.


Ce qui m'a mené à finir par me poser sur un tuto épais, mais qui je pense peut répondre à pas mal de questions que se posent et/ou devraient se poser les managers en herbe. La suite ci-dessous.


1. C’est quoi, un(e) manager ?


La question ici posée peut paraître bête, mais un rappel des bases est la meilleure des introductions. C’est comme à la fac. La loi nous dit, à l’article L7121-9 du Code du travail que : « l'activité d'agent artistique, qu'elle soit exercée sous l'appellation d'impresario, de manager ou sous toute autre dénomination, consiste à recevoir mandat à titre onéreux d'un ou de plusieurs artistes du spectacle aux fins de placement et de représentation de leurs intérêts professionnels ». En conséquence, un(e) manager défend les intérêts d’un(e) artiste et lui cherche des opportunités. Bon, ça va un peu plus loin que ça, mais il est intéressant de noter quelles sont les bases du métier, du point de vue du droit.


Un manager, c’est donc un(e) travailleur(se) de l’ombre à qui un(e) artiste confie un certain nombre de missions. Je dis bien un(e) artiste et non pas un producteur : parfois, les limites entre producteur et manager sont mal comprises chez les indépendants. Ce qui mène à entendre des phrases comme « Oui le label de tel artiste m’a embauché comme manager ». Ce qui est un non-sens, d’un point de vue légal. Mais revenons-en au sujet.


Les missions du manager sont en réalité diverses :


- Défendre les intérêts de l’artiste. C’est-à-dire qu’auprès des producteurs, éditeurs, tourneurs, salles de spectacle, agences de mannequinat, marques et autres structures amenées à collaborer avec l’artiste, le/la manager va devoir s’assurer que l’artiste soit le/la mieux traité(e) possible, le/la mieux payé(e) possible et ainsi de suite, et que ces collaborations soient les plus utiles possibles à sa carrière.


- Placer l’artiste. Par placer l’artiste, j’entends le fait de chercher activement à trouver des opportunités susceptibles de l’intéresser : contrats avec des producteurs en major ou non, contrats avec des éditeurs, contrats avec des tourneurs, partenariats avec des marques, demandes de subventions, concerts, featurings, … Je précise « susceptibles de l’intéresser », car cela signifie également de chercher à deviner quand une collaboration sera néfaste ou peu utile à l’artiste. Ce qui veut dire qu’il ne faut pas chercher pour chercher, il faut chercher bien. Également, qu’il est du devoir du manager de récolter le plus d’indices et informations à même d’anticiper si telle proposition est intéressante, s’il est intéressant de chercher à contacter tel label, etc.


- Être un soutien psychologique pour l’artiste. Je place cette mission assez haut dans la liste, car cet aspect est parfois négligé. Être artiste, c’est psychologiquement éreintant. Au-delà du cliché des artistes qui seraient tou(te)s de grand(e)s émotif(ve)s, une carrière c’est beaucoup d’angoisse pour peu de moments de célébration. Et, quand bien même il ou elle a des proches, un(e) artiste doit absolument pouvoir compter sur son/sa manager pour l’écouter, le/la rassurer, le/la motiver, lui annoncer les mauvaises nouvelles avec tact, ainsi de suite.


- Gérer les aspects administratifs de la carrière de l’artiste. C’est-à-dire notamment négocier ses contrats (ce qui peut être très régulier, comme les placements d’un(e) beatmaker). Mais surtout l’aider à organiser sa paperasse, déclarer ses cotisations, déclarer ses impôts, rédiger des notes de débit, l’inscrire à l’Adami/Spedidam, ainsi de suite.


- Faire le relais et le tampon entre les partenaires et l’artiste. C’est tout le travail du quotidien, des messages Whatsapp, des appels courts ou longs. Le label souhaiterait ceci, l’expliquer à l’artiste avec les mots justes, répondre ensuite au label avec les mots justes. Pour qu’une décision la plus intéressante et qui convient le plus à l’artiste soit prise à la fin, en évitant de froisser inutilement X ou Y. En cela, le manager est une sorte de para-tonnerre. Mais aussi aller réclamer les pistes d’une prod à tel (le) beatmaker, relancer l’ingé-son parce que le mix de l’EP traine trop, ainsi de suite.


Ces 5 premières missions sont les missions que l’on peut qualifier de systématiques. Peuvent s’y ajouter diverses missions optionnelles, au cas par cas. Parce qu’un(e) manager ne travaille jamais de manière similaire avec deux artistes. Un manager s’adapte, comme de la pâte à modeler, aux besoins de l’artiste. Ainsi, un(e) manager peut par exemple beaucoup s’impliquer dans l’artistique ou pas du tout. Un(e) manager peut avoir un rôle central dans l’élaboration de la stratégie de carrière de l’artiste, ou pas. Un(e) manager peut gérer les réseaux sociaux ou ne pas y toucher. Un(e) manager peut être présent au day to day jusqu’aux tournages de clips et répétitions de concerts, ou assurer une supervision plus distante.





Il ne faut pas être effrayé(e) par cette liste de tâches, surtout si vous êtes jeunes. Parce que, déjà, tout cela s’apprend, j’y reviendrai ci-dessous. Puis, vous pouvez vous entourer. L’une des clés du management, ce n’est pas de savoir tout faire mais de savoir comment, quand et à qui déléguer. Vous ne comprenez rien aux contrats et un éditeur approche l’artiste que vous managez ? Allez consulter un cabinet d'avocat et profitez-en pour vous documenter sur le sujet, quitte à poser le maximum de questions à l’avocat(e) ou à des ami(e)s plus informés. Vous avez peu de réseau ? Vous allez vous le constituer, n’hésitez pas à contacter les gens en DM, quitte à forcer en restant correct, quitte à ce que 90% des messages ne soient pas ouverts. Profitez du peu de réseau que vous avez pour demander « Hé, tu connais quelqu’un qui connait quelqu’un qui bosse dans telle salle ? » Aussi, il est courant que des managers s’associent, formant des duos de managers complémentaires dans leurs compétences et réseaux. Voire que des sociétés avec un grand nombre de managers se constituent, permettant au passage de mutualiser leurs revenus pour déléguer certaines tâches à des comptables, juristes ou autres.


2. Pourquoi manager ?


Ce point 2 est très lié à la question de la rémunération, qui sera évoquée dans le 3. C’est une sorte de préambule.


La rémunération du manager. C’est, en France, un sujet un peu épineux. Puisqu’en effet, loin de ce cliché de professionnel au bras long qui paye ses bouteilles en soirée et roule sur le cash, le/la manager moyen en France ressemble plutôt à une personne épuisée qui court après tout le monde, sans récupérer à la fin un billet à la hauteur de son investissement en temps et en énergie. En effet, sauf pour les gros artistes et certains cas particuliers, un manager gagne peu. Surtout au regard du temps qu’il/elle consacre à son travail. Ainsi, Emmanuel de Buretel (légende de la production, entre autres) disait dans une conférence en 2018 qu’ « en France, un bon manager c’est très rare parce que c’est un métier trop dur et très mal rémunéré ».



Alors, faisons un détour. Demandons-nous rapidement pourquoi manager, en particulier des « petits artistes » ? Je dirais qu’avant tout, c’est parce que le métier est hyper formateur. Il apprend à mettre les deux mains dans le cambouis et à toucher à tout. Des retours sur les mix d’un album aux splits Sacem sur une collab de beatmakers, de la recherche de rendez-vous avec des marques à la gestion des balances d’un concert. Etcetera. Dès lors, lorsque l’on est un(e) jeune qui rêve de cet industrie, il est une excellente porte d’entrée et un moyen de comprendre et commencer à apprendre les métiers de l’industrie en accéléré. Et lorsque l’on cherche un stage, une alternance ou autre dans une structure de production, d’édition ou de spectacle vivant, avoir de l’expérience comme manager est un vrai plus.


Bien sûr, il n’y a pas que cette idée de formation. En effet, ce métier est avant tout un superbe moyen de s’impliquer dans un projet artistique auquel on croit intensément, que l’artiste soit un(e) ami(e) ou une personne sur qui nous avons eu un sacré coup de cœur. Alors, qu’y a-t-il de plus beau que d’être impliqué au premier degré dans une aventure artistique pour laquelle on espère de grands lendemains ? Et cela, que l’on soit jeune ou non. Ainsi, il est très courant de voir des professionnels installés dans l’industrie commencer à manager des artistes encore confidentiels en parallèle de leur métier.


3. Comment ça se rémunère, un(e) manager ?


Abordons la question centrale. Comment se paye un manager, donc ? La théorie, c’est qu’un(e) manager dans les musiques actuelles est autorisé à facturer à l’artiste un maximum de 15% des rémunérations brutes d’un(e) artiste. Cela peut paraitre flou comme chiffre, donnons donc des exemples concrets. Les chiffres que je vais donner là sont de l'ordre de l'à peu près, n'y voyez donc pas un baromètre exact sur les ordres de grandeur de ces diverses sources de revenus.


Prenons un(e) artiste-interprète, qui ne compose pas, qui est :

- signé en contrat d’artiste dans un label à un taux de 10%. Il/elle n’a pas touché d’avance, les 2 EPs et la mixtape qu’il/elle sort génèreront au total les 2 premières années 35.000€ de chiffre d’affaires (soit une dizaine de millions de streams).

- vient de signer chez un éditeur indépendant contre une avance de 8.000€, qu’il/elle mettra 3 ans à recouper.

- Joue 10 fois l’année 1, pour un cachet brut moyen de 200€, 15 fois l’année 2, pour un cachet brut moyen de 250€.

- Reçoit 300€ de la part d’une petite marque qui se lance, afin de s’afficher dans divers clips et stories avec un t-shirt.

- Récupère 2.000€ de subventions via sa mairie et un dispositif national.


L’artiste en question est un(e) artiste en pur développement, qui commence à légèrement marcher. Une phase de carrière qui demande un temps et une énergie folle, avec parfois un sentiment d’ingratitude du fait de l’indifférence des médias et professionnels. Son/sa manager, ici, va toucher [(35000*0.1)+8000+5750+300+2000]*0,15, soit 2932,50€. Sur lequel il/elle paiera de l’Urssaf. Pour deux ans de travail, avec un(e) artiste qui commence à gagner sa vie avec la musique. Rapporté au mois, cela donne 122,18€ bruts, 95,05€ après passage de l’Urssaf. Or, le manager en question s’investit quotidiennement, sort des frais de sa poche, annule des évènements personnels parce qu’il/elle doit être sur telle date ou présent lors de telle session, court après les medias, l’argent, l’attention des partenaires de l’artiste, les ingés-sons, ainsi de suite.


Alors, quoi ? On arrête l’article là, pour dire que manager ça ne paye rien, qu’il faut abandonner cela tout de suite ? Bien sûr que non. Le but ici est de calmer les faux espoirs, de calmer ceux qui exerceraient ce métier par appât du gain à court terme. Ils vont forcément être très déçus voire entrer en conflit avec l’artiste.


****


Déjà, l’artiste en question peut exploser. Atteindre un niveau de renommée qui permettra au/à la manager de vivre ou quasi-vivre du management (déjà, n’avoir plus qu’un job à mi-temps à côté est une vraie victoire pour un manager présent depuis le début). Puisque prenons la carrière du même artiste, resté(e) avec le même manager, qui a explosé. Disons que l’on repart 2 ans après les deux premières années évoquées ci-dessus. L’artiste est en fin de contrat d’artiste, fin de pacte de préférence, le/la manager et lui renégocient tout et rencontrent les tourneurs. Ainsi, voici ce qu’il en sera peut-être :


- L’artiste re-signe un contrat d’artiste, avec un taux de 14%: 2 LPs sont prévus pour les 2 années à venir. Chacun génère 30.000€ d’avance au profit de l’artiste. La réussite des projets est telle que les avances sont vite recoupées, à la fin de la 2e année l’un des projets est or et l’autre est platine. 1.200.000€ de chiffre d’affaires ont été générés.

- L’artiste signe un nouveau deal en éditions, avec une avance de 110.000€, qu’il/elle recoupera postérieurement à ces 2 années.

- L’artiste est devenu(e) intermittent, mais le manager va se payer autrement : il/elle va pouvoir négocier avec leur nouveau tourneur une facturation de 300€ par date de l’artiste sur laquelle il/elle est présent(e) (60 dates sur 2 ans). Il /elle n’a pas un profil showcase, mais il/elle en fait 5 par an, chacun pour 15.000€ sur lesquels leur tourneur ne prend qu’une commission de 15%.

- Entre placements de produits divers et collabs avec des marques, l’artiste a perçu 55.000€.

- L’artiste perçoit à titre personnel 20.000€ de droits voisins, subventions ou aides diverses.


Ici, le/la manager a perçu (grosso modo, je vous épargne certaines subtilités) :

[168.000+110.000+ (10*15.000*0,85)+55.000+20.000]*0,15 + (300*60) =

480.500*0,15 + 18.000 =

90.075€


Soit 3.753,12€ bruts par mois, avant impôts. Ce qui dépasse les plafonds autorisés en matière d’autoentreprise d'ailleurs dans le cas où la majorité de cette somme a été perçue sur une des deux années, mais je ne vais pas rentrer dans ces détails. Quoiqu’il en soit, on voit là que le poste de manager devient financièrement beaucoup plus confortable. Puisque bien que la charge de travail augmente encore : le/la manager peut se consacrer à 100% à la carrière de son artiste et vivre très décemment. Alors, si comme la plupart des managers, il/elle s’occupe d’autres artistes et/ou continue d’exercer un métier à côté (notamment dans la musique), c’est une très belle situation financière.


****


Alors, vous qui lisez ces lignes, peut-être pensez-vous « Oui il est gentil, mais tout le monde ne devient pas artiste platine ». Et vous n’avez pas tort. L’autre motif d’espoir pour ceux qui veulent se professionnaliser dans le management est une évolution essentielle du music business ces dernières années : l’explosion de l’indépendance.


J’écris cet article le 28 février 2022, je vais donc faire un tour dans le top artistes sur Spotify France, la semaine « musicale » du 18 au 24 février. Sur les 20 premiers rappeurs français, 1 seul est produit à ma connaissance par un label de major, les 19 autres étant produits par un label indépendant. Pour au moins 12 d’entre eux, je suis certain qu’ils ont des parts dans le label en question. C’est donc la nouvelle norme, en particulier pour les artistes en place mais aussi pour les plus petits artistes : monter sa société seul(e) avec des associés, puis conclure des deals de licence, coproduction ou de distribution avec des majors ou gros indépendants. Et dans ces associés, qui trouve-t-on bien souvent ? Des managers (qui sont d’ailleurs régulièrement les représentants légaux de la société).


Enchainons maintenant sur les sociétés d’édition. Il est très courant aujourd’hui de voir des artistes signer des contrats de co-édition, qui les amèneront à avoir deux éditeurs : une grosse structure et une société dans laquelle ils/elles sont associé(e)s. Là encore, un manager se glisse généralement dans l’équation. Pour les tournées ? Pareil avec les contrats de coproduction. Pour tout ce qui est merch, endorsement ? Les contrats peuvent prévoir que les opportunités trouvées par l’artiste ou son/sa manager directement ne génèrent aucun revenu au profit de la maison de disque (ou du gros label indépendant) partenaire. Pour ce qui est des beatmakers, un modèle qui permet à des managers de se consacrer à fond à la carrière de leurs beatmakers (économie encore plus compliquée que celle de manager d’artiste-interprète) est de créer une société qui sera la co-éditrice du beatmaker.


Ainsi, de plus en plus, nous voyons apparaitre des managers qui endossent la casquette de producteur, co-producteur, co-éditeur, co-tourneur, ainsi de suite. Ce qui peut d’ailleurs amener à des dérives, il faut faire attention à rester très droit. Puisque le/la manager, censé(e) défendre les intérêts de l’artiste, est en même temps partiellement producteur, éditeur ou autre de celui ou de celle-ci. Malgré tout, c’est souvent une affaire saine, puisque gérer une société demande beaucoup de temps et d’application, ce qu’un artiste n’est pas forcément en mesure de fournir. Ainsi, le manager gérera la société et permettra de ce fait dans pas mal de cas d’accroitre tant les revenus de l’artiste que les siens. Cependant, il est nécessaire pour le manager de prendre très à cœur sa formation en la matière et de bien s’entourer, sinon cette volonté d’indépendance peut très vite se retourner contre l’artiste et lui.


J’en profite pour placer une nouvelle parenthèse : à ce sujet, il y a parfois des blocages juridiques qui peuvent se mettre en place. Le principal, c’est que le management et la production de vidéos (ce que font tous les labels aujourd’hui) sont incompatibles légalement, du fait d’abus dans le monde du cinéma. Ce qui complique la vie des managers d’artistes autoproduits et c’est dommageable. Cela crée de l’insécurité. Cette configuration qui permet au/à la manager de mieux s’y retrouver financièrement garde encore un statut légal plutôt flou. Ce qui amène tout simplement certain(e)s managers à ne plus se lier à leurs artistes par un contrat de management, se rémunérant via cette société.


J’avais envie d’illustrer de cas de figure par un dernier exemple chiffré, semblable aux précédents. Mais je ne le ferai pas. Du fait des différentes casquettes que prend ici le manager, qui rend compliqué de proposer une illustration compréhensible de tous. Ainsi que d’usages pas toujours bien clairs vis-à-vis de la loi, que je préfère éviter de mettre en avant dans un tuto. Ce qu’il faut retenir, c’est l’idée qu’un artiste comme celui évoqué précédemment, qui stream un peu plus et arrive à se créer son économie de manière plus indépendante, va souvent permettre à son manager de mieux se rémunérer. Qu’il s’agisse de rémunérations de manager classiques, de cuts prélevés sur des entrées d’argent diverses, de rémunérations en qualité de dirigeant et des dividendes (à court et long terme). Alors cela implique une charge de travail autre, une organisation, un entourage professionnel compétent. Mais, une observation empirique de l’industrie m’amène à penser que c’est la manière la plus cohérente pour un manager d’artiste en développement qui marche un peu d’être payé dans des proportions un peu plus en lien avec l’investissement en temps et en énergie qu’il offre à l’artiste.



4. Comment percevoir mes revenus comme manager ?


C’est la dernière question : comment est-ce que je fais pour percevoir mes revenus de manager ? C’est peut-être celle que les jeunes managers viennent le plus me poser en DM. Jusqu’à un état avancé de carrière, la solution la plus courante et surtout la plus simple est la micro-entreprise.


Pour cela, il faut vous rendre sur le site de l’Urssaf qui vous guidera dans cette formalité très simple, qui a de plus l’avantage d’être gratuite. Je ne vais pas vous aiguiller sur toutes les lignes à remplir, puisque cela prendrait pas mal de place. Il existe des milliers de pages internet expliquant tout de manière claire, globalement compréhensibles pour des apprentis à condition d’y mettre de la volonté. Si vous remplissez l’une des conditions (notamment : avoir moins de 26 ans), je vous incite à faire une demande d’Acre en même temps que votre demande de création de micro-entreprise.


Ensuite, vous pouvez éventuellement vous structurer en association. J’avoue n’avoir jamais connu de manager en association, mais je ne vois pas ce qui l’empêcherait légalement. Ceci dit ça n’a pas grand intérêt je pense, au regard de la simplicité de la micro-entreprise et du fait que les managers ne sont pas amenés à percevoir de subventions pour leur travail. Peut-être éventuellement si votre profession vous empêche d’être micro-entrepreneur en parallèle (exemple : si vous êtes fonctionnaire ou dirigeant de SARL dans un autre domaine). Si vous avez déjà une micro-entreprise pour d’autres activités, cela ne pose pas de souci non plus de manager en micro-entreprise : il suffit de déclarer une adjonction d’activité. Il faudra simplement être attentif à bien déclarer dans la bonne case vos revenus de manager, s’ils ne sont pas du même type que vos autres revenus (exemple : micro-entreprise de vente).


Puis, il y a la possibilité de le faire en société. Lorsque l’artiste ou les artistes que vous managez a/ont peu de renommée, cela n’a d’intérêt que si vous êtes amené(e)s à pratiquer d’autres activités dans la musique (avec votre artiste ou d’autres). Comme l’édition musicale par exemple. Si vos revenus de management deviennent importants, cela peut devenir intéressant de passer en société. Comme toute activité en micro-entreprise, en fait. Notamment si vous engagez un certain nombre de frais dans le cadre de votre activité, que l’artiste n’est pas amené(e) à intégralement rembourser.


Puis, il faut également un contrat de management, tout simplement, pour percevoir des revenus de management. Enfin, si vous décidez de faire les choses de manière sérieuse jusqu’au bout (ce que je recommande). Ces contrats sont assez courts généralement, rarement plus de 6 pages. On trouve des templates sur internet, ou n’hésitez pas à demander autour de vous. Voire à consulter un cabinet d’avocat. Puisque les modèles qui tournent ont parfois un certain nombre de défauts. Surtout si vous souhaitez apporter un certain nombre de modifications par rapport aux clauses habituelles de ces contrats. Cette prestation ne coûtera normalement pas très cher.


J'espère que cet article aura appris des choses aux si nombreux apprenti-managers qui peuplent ce pays. Puisque si vous arrivez dans cette jungle avec l'impression de n'être armés que d'un minable arc en bois, la plupart des grand(e)s managers sont passés par là. Avant de renforcer leur armurerie. Et c'est justement l'un des buts de Virgules: offrir des armes aux apprenti(e)s-managers.


N'hésitez pas à venir me poser des questions, via le formulaire de contact ou sur les réseaux sociaux. Et bon courage dans cette aventure qui, aussi énergivore qu'elle puisse être, offre de très beaux moments de vie et de jolies perspectives lorsque l'on s'accroche.



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